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Abîmer la douceur de Cécile Coulon

Abîmer la douceur

Nous devrions cesser de troubler tous ceux qui sont doux,
et calmes et indulgents avec nous.
Vraiment,
nous devrions cesser de nous appuyer
sur cette douceur, ce calme, cette indulgence,
comme des géants s'appuient sur des piliers fissurés,
entendent le bruit des pierres se briser de l'intérieur
et continuent, par inertie,
de se reposer sur ces colonnes usées.

Nous devrions cesser de penser que cette gentillesse
- ce n'est pas un gros mot, "gentil" -
n'est pas une tare contemporaine.
Ce n'est pas forcément pour être accepté,
pour qu'on vous invite à dîner, à danser, pour ne pas être seul.
Cette gentillesse est un jouet qu'on peut lancer
contre les murs,
qu'on peut tordre dans tous les sens,
qu'on peut faire et défaire, et brutalement jeter par terre,
pour voir par magie les morceaux éparpillés
se rassembler d'eux-mêmes.

Nous devrions cesser de jouer avec ceux qui ne se jouent pas de nous.

Imaginez un violoniste interrompre le concert
à coup de carabine.
Imaginez un moine incendier une abbaye.
Imaginez un enfant sage écorcher ses amis, s'il a la chance
d'en avoir.

Nous devrions cesser de croire
que la bienveillance est une vertu infaillible.
Que la douceur est solide. Que l'oreille qui écoute ne tombe jamais malade.
Toute personne qui apporte de la légèreté échange sa chaleur
contre un morceau de vos abysses.
Et nous en redemandons, encore et encore,
sans chercher à savoir où s'entassent ces mauvais moments
dans la vie de ces autres qui nous prêtent leurs nuances
quand nous manquons de couleurs.

Comment faire pour cesser, une bonne fois pour toutes,
d'abîmer la douceur ?


Noir volcan


En attente de lecture.

Les poèmes de Cécile Coulon

 

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